samedi 7 mars 2020

retour sur les examens (et aide dissertation)

Et voilà, j'ai eu enfin mes notes!
J'avoue que j'étais dans un moment de creux depuis la fin des examens ( donc un bon mois).

Parce que j'ai bûché comme une dingue pour ces examens et que j'étais donc très très fatiguée après. Mais surtout le creux s'est prolongé par le système de l'enseignement: déjà les grèves ont fait que certains examens (qui ne me concernaient pas) ont été décalés, et donc la rentrée s'est faite avec 3 jours de retard, ce qui a décalé tout le reste, y compris la mise en ligne des cours pour l'enseignement à distance.

Mais aussi parce qu'à part l'informatique que j'étais sûre d'avoir réussi, j'étais totalement dans l'ignorance des résultats de cette première session jusqu'à samedi dernier.
Et j'ai beaucoup de mal à me concentrer sur le programme du second semestre, tant que je ne sais pas si j'ai validé le premier.
Au final, j'ai tout réussi,donc la motivation revient.Puisque je n'ai rien à repasser, je me laissais le choix de passer les examens en mai si je pouvais, ou tout en juin si je devais y retourner pour les rattrapages.

Mais pour le moment une nouvelle chose se passe dans ma vie: je déménage fin mars.donc je suis dans les cartons .Je ne vais pas loin, je reste dans la même ville encore quelques années, c'est plus simple pour le train, tant que je dois passer des examens à Toulouse. Plus simple mais pas moins cher, puis qu'il faut se loger donc  je ne pourrais probablement pas passer les deux sessions. J'aviserai si j'arrive à avancer assez mes révisions pour mai.Mais la session est très tôt, entre le 2 et le 15mai, donc peu de chance avec le déménagement que j'arrive à tout boucler aussi vite. Il y a de grandes chances que je passe tout le second semestre au rattrapage de mi-juin. Ou si j'arrive à débloquer un jour ou 2 en mai, j'aimerais éventuellement caser l'informatique, le test pix et l'histoire, pour en être débarrassée de ça. Ca me coûterai juste un aller retour et une nuit, c'est envisageable à ce stade.Tout dépendra de la répartition des examens, quand j'aurai les dates exactes.

Je pensais donc m'en être pas trop mal sortie, avec juste un gros doute sur la dissertation de littérature, qui était le gros point d'interrogation.

J'ai eu beaucoup de mal à préparer cet examen  parce que je ne trouvais pas de ressources complémentaires en ligne.en tout cas en français ou anglais lisible Je m'étais donc dit que si j'avais une note au dessus de la moyenne, je partagerai mon plan de dissertation.

Au final, j'ai eu un 17/20 à cette matière, composée de la dissertation en français et d'un oral en russe sur un texte ou une biographie ( 6 textes et 6 biographies, donc 12) on croise les doigts et on pioche  au hasard,5minutes de préparation et hop expliquer en russe de qui est le texte, qui sont les personnages, ce qui se passe, ce qu'ils font,etc..
Pour le texte j'ai eu un coup de chance incroyable, j'ai pioché exactement LE texte que j'espérais,extrait du livre qui m'a plu et où il y avait à dire ( des personnages qui discutent en buvant le thé et débattent d'un autre qui est nihiliste,tous ont une compréhension différente du mot et du concept...donc oui, des choses à dire!)
Je ne sais donc pas dans ce résultat quelle est la proportion de l'oral et de la dissertation, je n'ai pas le détail, il y a peu de chance que ce soit 15 et 19.

Donc disons que j'ai eu 16 ou 17 à la dissertation, je vous donne donc le sujet ET mon plan ( étudiants de L2 russe à Toulouse, c'est pour vous!)

Sujet: l'Homme de Trop dans la littérature russe du XIX° S est-il un personnage tragique?
durée: 3 heures.
Les mots clés : homme de trop, personnage et tragique, mais aussi, littérature russe du XIX°siècle.

Certains ont choisi de traiter en priorité le "tragique", ça m'a paru trop évident, en tout cas, trop impersonnel (clairement:le prof va lire 60 copies qui vont lui prouver par A + B que oui, il est tragique, qu'est-ce que je peux trouver pour faire la différence et sans sortir de l'intitulé: bingo" dans la littérature russe du XIX°", est-ce-que c'est une phénomène purement russe ou non et pourquoi. Je vais donc faire une grosse partie là dessus, en plus du tragique)
Lisez toujours bien TOUS les termes de l'intitulé qui souvent ne fait qu'une ligne, ils sont tous importants et ça peut vous aider à faire la différence avec un angle d'approche moins attendu.

Donc il ne faut pas traîner et trouver dès le début:

1 - les exemples d'Homme de Trop dans les oeuvres proposées et dans d'autres (c'est toujours mieux d'en ajouter qui ne sont pas au programme, si possible inattendues et en argumentant pour expliquer que vous ne le sortez pas de votre chapeau  ) et les auteurs.
2 - la définition de l'Homme de trop, ce qu'il est et ce qu'il n'est pas.
3 - décider si pour vous oui ou non, il EST un personnage tragique, ça va déterminer tout le devoir.
J'ai opté pour des exemple extraits d'oeuvres ouvertement humoristique, donc mon point de vue était " oui mais pas seulement, et je vais prouver pourquoi il ne l'est pas seulement".
D'autres ont donc opté pour une lecture absolument tragique. C'est possible MAIS c'est un ressenti personnel qu'il faudra argumenter.
Ma lecture est MA lecture, une des plusieurs possibles, conditionnée par mes lectures de l'année, mon historique de lecture, ma connaissance des mouvements littéraires antérieurs, postérieurs et transversaux en Europe.
Je n'aurais pas fait le même devoir à 20 ans qu'à 42, parce que j'ai 22 ans de plus de culture générale. Quand je vous dis qu'étudier à l'âge adulte est plus facile, c'est aussi pour ces raisons, une question de"bouteille"

les exemples que j'ai retenus: 
dans les lectures imposées de l'année =>Tchatskii, dans la pièce " le malheur d'avoir de l'esprit" (Griboïedov); Evguenii  et Vladimir, dans Eugène Onéguine (Pouchkine)
Mentionnés dans le cours=> Illia dans  Oblomov. (Oblomov) Dmitri, dans Roudine,(Tourgueniev)
une autre lecture imposée dont je me suis servie: Père et Fils de Tourgueniev: parce que chaque personnage y représente un courant littéraire et artistique, en plus de courant politique: Nikolai pour le romantisme, Pavel pour l'ancien régime et l'homme de trop à la charnière de époques, Arkadii, lafin du romantisme et l'arrivée du réalisme, et Bazarov" l'homme nouveau" du courant réaliste. (Tourgueniev)
Pris dans mes lectures précédentes:Dmitri dans les eaux Printanères (Tourgueniev) et le joueur (Dostoïevski, mentionné vite fait)
Références non russes :La littérature d'aventures et le roman picaresque, Le misanthrope de Molière ( vous allez voir pourquoi): Walter Scott, Schiller et Goethe, et René, de Chateaubriand: de la littérature de 3 pays non russophones. +une mini référence, presque sortie de nulle part à Jean-Pierre Vernant  (là aussi, je vais expliquer).

Donc définition de l'homme de trop, synthétisée d'après le cours:c'est un type littéraire apparu en Russie dans le sannées1820/ 1830. C'est un personnage souvent de noble origine, qui est destiné par sa naissance à de hautes fonctions.. sauf que la bourgeoisie est en train de prendre le pas, en Russie comme ailleurs et notre personnage ne trouve plus de place dans la société. Il a été éduqué à diriger, était supposé suivre une voie toute tracée et se retrouve certes riche, mais socialement dépassé, inutile.Et c'est l'exacte problématique de René: jeune noble désoeuvré privé par l'évolution sociale, de sa place " naturelle" de dominant., il tourne en rond dans ses pensées noires.
Et comme pour René, l'ennui mène au désoeuvrement (Onéguine) , à la sensation d'inutilité ( Tchatskii), à la paresse assumée ( Oblomov), aux comportements autodestructeurs ( Roudine, le joueur). Comme le héros romantique, il est exalté et meurt souvent jeune dans des circonstances absurdes ( Vladimir Lenski, dans Oneguine).

Et donc, voilà pour ce qu'il est, pour le versant tragique.
MAIS: dans les exemples cités, Oneguine, Le malheur d'avoir de l'esprit et Oblomov, le personnage n'est pas seulement tragique:l'oeuvre est drôle, et les 3 ont en commun de faire un portrait volontairement humoristique du personnage. en clair, l'auteur dans ces 3 cas ne glorifie ni ne prend vraiment en pitié son héros:Tchatskii est un colérique qui s'emporte pour un rien, et se plaint à vide( il proteste contre l'hypocrisie de sa société auprès justement des hypocrites qui la composent) et est une sorte de version russe du misanthrope,en plus " langue de vipère". Evguénii est un misanthrope..qui passe sa vie en société, s'ennuie partout où il va, mais continue à courir les bals et les soirées. Oblomov n'aime que glandouiller, pour fuir la réalité et les problèmes et se trouve parfaitement satisfait de sa vie d'oisif. Dans les 3 oeuvres, le ton de l'auteur est très sarcastique et complètement différent du sérieux absolu avec lequel Chateaubriand traite René, du sérieux absolu du romantisme allemand ( on ne rit pas aux dépens des personnages de Schiller)
Donc héros tragique mais pas seulement parce qu'il tient autant du héros romantique que des romans d'aventure à la Walter Scott ou des personnages picaresques type Don Quichotte qui sont volontiers humoristique ( la lecture idéalisée de Don Quichotte est contemporaine...du Romantisme. Pour Crvantès lui-même, son héros est comique,et truculent)

Son évolution: Comme le mouvement romantique en Europe a vite tourné en rond et cédé la place au Réalisme, puis au naturalisme, l'évolution a aussi vite en Russie remplacé le héros exalté en révolte vaine par  d'autres modèles: le petit homme:petit fonctionnaire, souvent pauvre, coincé dans les rouages d'une bureaucratie absurde (Akaki Akakievitch dans le Manteau de Gogol.. précurseur des personnages de Kafka); et l'Homme Nouveau: Bazarov dans Père et fils, qui rejette le romantisme, ne s'intéresse qu'à la Réalité du monde, aux choses tangibles, et tente souvent de transcender son rejet de la société par la politique, ce qui le pose en ennemi de Pavel, qu'il trouve daté ( évidemment puisque Bazarov, l'homme nouveau est le portrait en creux de l'homme de trop Pavel). L'homme de trop subit, l'homme nouveau tente d'agir, avec ou sans succès, mais tente d'agir. Même s'il n'aboutit parfois lui aussi qu'à une mort absurde. ailleurs en Europe aussi, Réné à cédé littérairement sa place à Rastignac le bourgeois arriviste.

Après avoir trouvé tous ces arguments pour dire que " tragique, oui un peu, mais pas seulement parce que les influences et la volonté sarcastique des auteurs font que...." j'ai opté pour un plan qui mette en avant la diachronie (les influences qui ont donné l'homme de trop) et la synchronie (ce n'est pas un phénomène purement russe, voilà ce qui se passait en Europe au même moment, et comme on était au moment de l'essor des traductions, sans compter l'anglomanie en France et la francomanie en Russie, les gens , en particulier lettré, lisaient souvent de l'allemand, du français de l'anglais en vo. Les littératures européennes ont beaucoup circulé au XIX°siècle, et les influences avecelles.

Plan

1- L'homme de trop
  • définition
  • caractéristiques
  • exemples 
2- Tragique ou pas?

  • parallèle avec la littérature d' Europe en diachronie ( avant/ après) et en synchronie ( Allemagne/France/Angleterre)
  • le cadre volontairement comique des oeuvres retenues
  • le type littéraire et sa limite: son évolution comme petit homme ou comme homme nouveau


3 -Les limites de la lecture contemporaine
  • L'intention de l'auteur au moment de la réadaction, et la nécessité de ne pas lui faire dire plus que ce qu'il avait réellement en tête par une lecture trop moderne. Référence à J.P Vernant sur la lecture psychanalytique des mythes grecs, qui est un non-sens: on ne peut pas juger une oeuvre qui a 3000 ans en utilisant un outil qui a moins d'un siècle: il n'y en a pas besoin ( et les mythes en particuliers ne cachaient pas leurs références -en particulier sexuelles , le dada de la psychanalyse freudienne- pour éviter de " choquer"des auditeurs qui ne l'étaient pas, n'ayant pas été formatés par la morale chrétienne), la lecture contemporaine de don Quichotte est aussi un contre sens, et Molière, via le misanthrope, voulait en premier lieu faire rire en moquant des contemporains
  • L'inadéquation du personnage à son cadre social est un instantané:le type littéraire chasse l'autre, un mouvement chasse l'autre. Il est inadapté à SA société à l'instant T, la société est en mouvement, il refuse l'évolution et le changement et doit donc nécessairement disparaître assez vite, c'est là, à la limite , sa dimension tragique.
Introduction et conclusion: tragique, un peu mais pas à 100% . Et en tout cas, pas un phénomène isolé dans la littérature russe

J'espère que ces informations vous serviront , au cas où vous auriez à préparer un devoir sur l'Homme de trop ou ses avatars.

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