mercredi 2 juin 2021

Pourquoi apprendre une autre langue?

MAIS, OUI, POURQUOI?


Ce qui est une excellente question, pouquoi je fais ça? Pourquoi décider d'apprendre une nouvelle langue, alors qu'on en connait déjà un peu plusieurs? Et que j' avais dit " je ne pense pas en commencer une autre"?

De fait, c'est celle qu'on devrait se poser avant de commencer toute activité un tant soit peu exigeante en temps, concentration, énergie etc... Et du coup cette exprimentation me donne l'occasion d'un sujet plus général sur les raisons de l'apprentissage d'une langue, et surtout MES raisons.

MES RAISONS

- la curiosité, déjà c'est un bon début. Mon apprentissage du russe a débuté pour une raison encore plus vague au lycée: un concours de circonstance.
Il me fallait choisir une option qui n'existait que dans le lycée où je voulais aller, pour déjouer la carte scolaire.
Contexte: ma ville est divisée en extra-muros ( très grand) et intra-muros (tout petit). Habitant en extra-musos, je devais aller dans un des 2 lycées de l'extra-muros sauf si je choissisais une options qui n'existait dans aucune des deux. Mais ils n'étaient pas accessibles facilement, j'aurais du prendre un bus jusqu'en centre ville et prendre une correspondance pour retourner à une autre endroit de l'extérieur. Autant rester en centre ville! J'ai donc choisi une option dispnible uniquement en centre-ville pour m'épargner deux trajets en bus le matin et deux le soir, et de devoir me lever avant 6h00 du matin. J'avais le choix entre russe ou chinois, ça s'est joué sur le fait que je connaissais un peu plus la Russie, en matière de culture générale.
Véridique,: j'ai opté pour le russe LV3, pour gagner du temps dans les transports et ne pas me lever trop tôt. Mais je n'ai jamais regretté mon choix.


- L'envie de tester une langue non indo-européenne sans pression ni enjeu: Comme je l'ai dit mes précédentes tentatives avec des langues non indo-européennes étaient soit imposées par les circonstances, l'obligation universitaire et un choix limité ( quand on doit choisir deux options sur trois et qu'une est impossible pour raison d'horaires), soit liés à une circonstance particulière (des voyages bien délimités dans le temps). Là, je n'ai pas de délai m'obligeant à mettre les bouchées doubles.
Donc une fois passée l'envie d'aller dans le pays, après plusieurs voyages, j'ai constaté que comme le Japon commence à être bien connu, et que lors de mes derniers voyages, un peu plus de japonais parlaient anglais que 10 ans auparavant, on peut satisfaire son envie d'extrême-orient sans avoir l'absolue nécessité d'apprendre la langue. Le pays m'a plu, mais ne m'a pas séduite. J'ai vraiment du mal notamment avec la hiérachisation à l'extrême des rapports sociaux, et il faut bien le dire, le culte de la consommation à outrance, qui est pourtant à l'opposé des valeurs prônées par le bouddhisme. Le cas est curieux: j'ai aimé mes voyages et le pays, ses qualités... mais je n'ai pas envie d'aller plus loin. Un peu comme un pote: on l'aime bien, mais sans avoir forcément envie de sortir avec lui, si je peux tenter cette comparaison. En tout cas, le déclic ne s'est pas vraiment fait au niveau de la langue. J'ai la sensation que le jeu n'en vaut pas la chandelle. Pour le moment en tout cas.

- l'envie de tester des techniques et théories en partant de zéro: Ces tentatives datent un peu, même pour le japonais. Depuis, j'ai découvert vraiment la possibilité d'étudier en respectant ma mémoire, de manière consciente et non plus empirique. Ce n'est évidemment pas possible en cadre universitaire, où les exigences sont imposées par l'extérieur, où le vocabulaire pas toujours passionnant est imposé à un rythme infernal et sans avoir le temps d'être assimilé. Oui, j'ai du apprendre pour mon premier semestre le vocabulaire de la construction d'une isba ou les essences d'arbre en russe. Et du vocabulaire de sociologie et politique au second semestre.
Corrolaire: on finit par perdre de vue pourquoi on apprend, surtout pour ceux qui n'ont pas de projet défini. La routine, le train train, l'annui => certains laissent tout tomber pendant les vacances => c'est encore plus dur de reprendre à la rentrée => décrochage.

- Le besoin de nouveauté SANS REPERE
:Après deux semestres intenses de russe et un peu d'allemand j'ai besoin de changement et de nouveauté, pour rester dans la dynamique d'apprentissage.
En traduction: faire un peu de nouveauté, pour me donner un coup de pied mental au cul. Et là, je ne peux pas compter sur une compétence passive et me la couler douce, il va falloir bosser et mettre en place des stratégies. Chercher parmi les maigres sources disponibles en ligne , car rien n'existe dans ma ville. Les trier pour voir lesquelles sont le plus utiles dans un premier temps, dans un second temps, et me fabriquer les miennes à base de tout ça.
Voir si commencer une langue pour laquelle je ne connais à la base que 5 ou 6 mots en mettant dès le début en oeuvre les stratégies que j'ai apprises ces dernières années et en utilisant les outils numériques, en utisant la répétition espacée dès la première semaine change vraiment la donne.
Et piocher dans toutes mes autres activités des ressources inattendues.
A priori oui: la nécessité de devoir faire appel à la créativité et d'intégrer la nécessité d'un apprentissage actif, sans l'aide d'un prof, devrait rendre les choses plus concrète et même influencer positivement les autres langues.

Je m'explique:

En allemand, en russe et en anglais, j'arrive au pallier du niveau B2: il est redoutable. On voit le chemin parcouru, et surtout le chemin qu'il reste à parcourir. Mais en même temps, on connait déjà suffisamment de choses pour converser. Même si on continue d'apprendre régulièrement il y a moins de "retour sur investissement". Je découvre encore de nouveaux mots, mais tellement spécifiques que je ne risque pas de les réemployer facilement, donc ils ne restent pas en mémoire. On en est au point d'Alice, dans de l'autre côté du miroir, qui court... pour ne pas reculer, et fait du surplace. Démotivant, non? Devoir mettre une énergie colossale pour ne plus voir de progrès à l'échelle de la journée, de la semaine ou du mois, mais plutôt de l'année.

Exemple, celui qui commence une langue en ne connaissant qu'un mot, et en a appris 100 à la fin de la semaine, a multiplié ses connaissances par 100. Ca fait une énorme différence.
Celui qui en connait déjà 1000 et en a appris 100 à la fin de la semaine aura déjà moins l'impression de progresser. Ca fait une certaine différence.
Celui qui en connait 10 000 et en a appris 100 au bout d'un mois ou plus.. aura l'impression d'une goutte d'eau dans la mer, de ne plus avancer. La différence est minimale.

C'est aussi une question d'utilité: au début, on progresse vite car on apprend du vocabulaire quotidien, des tournures de base. On ne pourra pas dire grand chose mais ce sera des choses quotidiennes: réserver une lcation, commander au restaurant, demander son chemin, parler de banalités...
Plus on avance, plus le vocabulaire se spécialise ( coucou, le vocabulaire de la construction en bois et les essences d'arbres). Ce sont des choses intéressantes, mais peu utiles au quotidien, donc.. qu'on va mettre un bout de temps à apprendre, et qu'on va oublier très vite.

Donc oui, plus on avance.. moins on avance vite. D'où l'intérêt d'apprendre régulièrement de nouvelles choses pour entretenir la motivation. Et les solutions peuvent parfois arriver quand on s'y attend le moins, d'une manière qu'on n'aurait simplement pas imaginée.

Je vais prendre quelques autres exemples, dans ce que je connais le plus et pratique depuis plus de 20 ans, la musique.

J'avais déjà un bon niveau en basson, mais je n'y ai plus touché depuis 2 ans pour diverses raisons, d'abord l'impossibilité de recommencer l'orchestre pour question de changement de niveau universitaire au bout d'un mois, et l'impossibilité tout court depuis mars 2020, pile au moment où j'espérais reprendre. Les orchestres amateurs n'ont pas recommencé. La musique me manquait et jouer seule du basson est ennuyeux, je n'ai pas trouvé la motivation.
J'avais un clavier chez moi dont je ne me servais que pour déchiffrer le chant. J'ai trouvé une méthode qui m'a convenu, et depuis un an j'apprends le piano en autodidacte, alors que je n'avais pas réussi à mettre mes deux mains ensembles sur un clavier avec les méthodes habituelles. Ca progresse et plus vite que je n'espérais, alors que le basson stagnait depuis des années. en travaillant à ma manière hors cadre classique. Je ne perds pas l'habitude de lire des partitions, je les lis différemment, verticalement pour les accords, et non horizontalement. Je parie ma tête que lorsque je pourrais enfin reprendre le basson, le temps de reprendre l'habitude des mains, j'aurais en fait.. progressé, car j'aurais débloqué des choses qui ne pouvaient pas se débloquer en faisant toujours la même chose en boucle ( dans mon cas, la lecture verticale des accords, qu'on  ne pratique pas avec un instrument monodique). Je sens déjà que ma conscience des accords à changé, quand je chante, par exemple.

Prendre du recul.
Essayer des choses nouvelles.
Se nourrir de toutes les informations qu'on peut trouver.
Même si ça paraît hors sujet à première vue et donc inexploitable.

J'envisage à présent mes activités de plus en plus globalement: le sport améliore la posture, qui améliore le jeu au piano qui améliore la lecture de partition, qui améliore la mémoire etc... Le chant améliore les langues, les langues améliorent le chant.
J'ai réussi à trouver une piste pour un problème dans le chant en voyant une publicité pour des  tutos.. sur les pirouettes.Vraiment: ce que dit ce monsieur a fait écho à des choses que j'entendais depuis des années. Mais la démonstration vers 30 secondes qu'il fait avec son élastique m'a fait dire "attends, mais...ça me rappelle un truc, pour aller vers le haut, il faut se diriger vers le bas, et ne pas bondir dans la position. Pour une note aigue, il faut la penser grave et ne pas se précipiter sur la note sans la préparer. Et si je pensais à ça en chantant, si je faisais "comme si" je me préparais à faire une pirouette?". Bingo! amélioration en quelque semaines.

Ces exemples, pour dire, et me rappeller que parfois la solution qu'on cherche depuis des années vient de quelque chose de très éloigné et totalement inattendu. 30 secondes d'un gars en petite tenue qui montre comment bien tourner sur un pied m'ont donné une solution à un problème tout autre, mais pour laquel le souci n'était pas musical, d'oreille ou de phrasé, mais de posture que malgré toutes les explications des profs, je n'arrivais pas à ressentir physiquement.

Donc sans passer sans cesse du coq à l'âne, intégrer de la nouveauté, varier les plaisirs (je n'apprendrais pas à tourner comme un pro.. mais c'est plutôt agréable de regarder faire le p'tit gars au physique d'athlète hmmmmm belles jambes et le reste n'est pas mal non plus ;) hé ho j'ai des yeux, c'est fait pour s'en servir) parce que des solutions peuvent arriver d'un simple changement de point de vue.

Et la posture, sinon l'attitude peut être importante pour apprendre une langue. Et pas seulement l'attitude mentale, mais je parle bien de posture physique. Auparavant, sans être stressée en apprenant, je n'avais jamais prêté attention à ma manière de me tenir.
L'école nous enseigne surtout à rester assis sur une chaise. Ou à nous tasser dessus. Ce qui met les gens qui ont besoin de bouger, ou qui ont mal au dos, en situation défavorable.
Le test avec l'italien m'a prouvé que ma mémoire est très auditive, pas du tout visuelle mais un peu kinesthésique: je mémorise mieux quand je bouge. que ce soit écouter un podcast en randonnant ou sur mon vélo d'intérieur, faire des allez-retours dans la pièce en révisant le vocabulaire, insérer des sessions de gymnastique entre les révisions, faire attention à détendre le dos, les épaules et le cou ( surtout quand on étudie en ligne), se caler confortablement en tailleurs ou avec un coussin, ou monologuer en se lavant les cheveux sous la douche pour faire du moment de révision un moment de détente.

Je  tente donc cette fois une langue pour laquelle je connaissais en amont la folle quantité de 6 mots avant de connaître l'alphabet. C'est un laboratoire parfait pour voir ce que je peux faire tranquillement à mon rythme, en utilisant les ressources que je peux trouver.

Je ne documenterai pas tous les 15 jours comme je l'ai fait pour l'italien, mais ponctuellement, quand je trouverai que j'ai quelque chose à dire, ou que j'aurais découvert une nouvelle source. Peut être une fois par mois, peut être plus, peut être moins.

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