La question se pose, puisque j'ai commencé mon petit défi le 24 mai en me disant, que je verrai au bout de 3 mois.
Puisque je devais à cette date être au mois sur le départ pour la Russie, et donc très occupée, les cours commeçant le 1° septembre.
or, ...
Et bien, je m'attendais à tout, sauf à un couteau dans le dos de la part de mon université.
La
France accepte de me laisser partir, les échanges d'étudiants sont
considérés comme une raison valable d'aller dans une zone rouge Covid.
La Russie recommence à laisser entrer les Français, sans distinction.
C'est la direction de mon université qui a pris la décision de ne pas
laisser partir les étudiants tant que la zone serait rouge. Certains
avaient reçu l'information que leur visa était en cours d'émission quand
même... Je n'arrive pas à comprendre cette décision, je ne vais pas
passer un an à faire des allers-et-retours , je suis vaccinée, j'aurais
eu une quarantaine à l'aller et en revenant en France.. . Et je ne suis
même pas sur site à Toulouse je ne risque pas de contaminer le campus,
j'habite à 400 kilomètres. La seule explication que je vois, c'est
que nous laisser partir, ça signifie surtout devoir accepter les
étudiants russes en provenance de la zone rouge... Mais ils auraient
aussi une quarantaine, donc je ne comprends PAS.
Que je ne puisse pas commencer en septembre je m'en doutais. Par contre
ce que je prends très mais alors très mal, c'est que l'université
m'informe le 26 août que ça sera comme ça tant que la zone sera classée
rouge: la Russie est classée rouge depuis plusieurs semaines. Et bordel! Le gouvernement estime que ça ne pose pas de problème pour les échanges universitaires. Samer! (ville du pas-de-Calais)
Mais donc vous
imaginez mon état de consternation et de colère. Ce qui signifie que je
prépare déjà les plans 2, 3, 4, 5...Et c'est peut être là que le Caucase
va devenir un atout, donc, je vais continuer à ménager une plage
quotidienne pour le géorgien.
4 possibilités se dessinent:
- Soit une réduction de ma mobilité au seul second semestre m'obligeant donc à m'inscrire aux cours pour le 1° semestre et à passer les examens en janvier à Toulouse et le second en immersion en Russie.
- soit un premier semestre à distance via le net et en présence à compter de février en Russie ( mais a priori, pas prévu par Saint Pétersbourg)
- soit, ce qui serait le mieux, mais le moins probable, le décalage de ma mobilité de février 2022 à janvier 2023, l'université de Saint Pétersbourg me le propose, mais j'ai peu d'espoir que cet arrangement soit accepté par la très rigide administration française, pour qui une année, c'est septembre à Juin et c'est tout. Enfin, parfois les miracles arrivent. Les professeurs référents n'y sont pas opposés, mais les instances de l'université n'ont pas donné leur réponse.
Ce qui veut dire ne pas passer les examens de janvier à Toulouse, puisque si je passe les examens ici, je n'ai pas à les passer là-bas et je n'ai pas de justifications d'y rester à la rentrée suivante.
La 4° étant évidemment que tout soit annulé si je n'ai pas reçu mes documents d'ici là ou si la frontière est refermée entretemps. Ce qui me mettrait vraiment mais vraiment de travers!
Et là, je devrais alors passer tous les examens de l'année entre mai et juin.
Donc pour le moment, vu que je n'ai rien d'autre de prévu, et que si c'est la première solution qui est retenue, les cours en France ne reprendront pas avant le 20 septembre, que ce soit par correspondance pour moi, sur place pour les autres, ou en vidéo conférence pour tous...
Je rempile au moins pour un quatrième mois, il me faut bien ça pour ne pas sombrer dans l'inertie à force d'attendre et de naviguer à vue sans savoir ce que je ferai dans 2 semaines.
Si c'est l'option 2 qui est retenue, cours par visio conférence avec la Russie, le décalage horaire fera qu'ils termineront assez tôt dans l'après midi me laissant donc du temps pour les autres activités sportives, musicales et intellectuelles. Donc, possibilité de continuer tranquillement aussi, à mon rythme.
L'option 3... paradoxalement, pas de cours avant février, ça me laisserait moins de temps, car petits boulots, recherches pour le sujet de mémoire et autre projets pro sur le feu.
Mais la promenade dans le Caucase me plaît, et j'ai bien l'intention de la faire durer.
Et donc les petites victoires de ce mois ci...
- Vaille que vaille j'arrive à 400 mots, ou un peu plus, je n'ai pas le compte exact ( j'ai hacké un peu de vocabulaire en listant les mots qui sont les mêmes en russe et en géorgien, et que donc, je connais déjà, à peu de choses près)
- J'ai eu l'occasion de prononcer 2 phrases, 2 ( par manque de temps). C'est peu mais c'est un début. L'interlocuteur était un allemand passionné de langues qui apprend aussi le géorgien et revenait de vacances là bas. Et au bout de 2 mois et demi, ce n'est pas rien d'avoir simplement osé. Et vu qu'on a gradé le contact et qu'il a des amis georgiens, en trouver parmi eux qui apprennent le français ne doit pas être très difficile.
- Je continue à déblayer tranquillement la grammaire, et peu à peu des points s'éclairent grâce aux nouvelles informations.
- J'ai eu une révélation
Moment " Euréka!" |
J'ai brièvement mentionné précédemment, une vedette dont j'admire le travail. Lui. Coup de foudre artistique: c'est vraiment la première fois que j'ai vu quelqu'un faire réellement du théâtre sans parole, donc il a clairement fait changer mon point de vue sur son art. Et, qui, outre le fait d'être excellent dans son domaine de prédilection est un monsieur cultivé, intéressant, féru de littérature, drôle... et polyglotte. La tête et les jambes. Comment pourrais-je ne pas être fan d'un gars comme ça?
Son nom en géorgien est mentionné sous la photo.
J'avais lu une interview en russe où il expliquait le sens de son nom de famille, qui a deux sens possible: le matin il signifie " l'aurore" et le soir " première étoile" , ce qui en fait un aptonyme tout à fait adapté à un danseur étoile. C'était déjà bien classe comme nom.
Mais plus exactement j'ai trouvé le sens exact de ცისკარი, l'aurore (ou donc l'étoile du berger), qui est composé des mots " ciel"ცა, décliné au génitif, et "porte"კარი .
L'aurore en géorgien se dit textuellement "la porte du ciel". Un mot valise comme on peut en trouver en allemand*
TILT!
Yep, Nikoloz "Porte-du-ciel". C'est magnifiquement poétique comme nom.
Au delà de l'anecdote , je trouve extrêment intéressant se savoir que le mot totalement officiel pour "l'aurore" est " la porte du ciel", ça en dit beaucoup sur l'approche culturelle, l'expressivité, et l'importance de l'art et de la poésie jusque dans les mots quotidiens. C'est d'ailleurs ce qui m'attire beaucoup dans cette culture: le goût pour l'art, la musique et la danse en premier lieu.
Nul doute que la langue cache encore d'autres perles de mots de ce genre, que je compte bien dénicher et m'en faire un collier!
Allez, quelques autres qui me plaisent bien:
ნაცრისფერი: "natsrisperi" gris, textuellement " couleur de cendre"
ღიმილი: " rimili", le sourire, qui donne le sourire, rien qu'à prononcer le mot.
ce gâteau s'appelle " sourire au noir" si j'en crois le dictionnaire, ზანგის ღიმილი. Je ne sais pas s'il y a des sourires d'autres couleurs, ou du sourire au lait et aux noisettes... je n'ai toujours pas le niveau pour les recettes, mais ce site me donne en effet le sourire en général |
ჩურჩხელა: "tchourtchkhela" outre que j'ai très envie de goûter, ça m'éclate de le prononcer.
ჩუხჩუხი: " tchoukhtchoukhi", le murmure, le clapotis de l'eau, à rapprocher de шуршание, le bruissement en russe, qui fait aussi partie de mes mots coup de coeur, avec ses synonyme, qui jouent tous sur a sonorité.
მიჯნურობა " midjnuroba", je l'avais déjà mentionné aussi, parfois traduit par " amour", c'est plus que ça, encore une perle. Il est lié au mot მიჯნა ( Midjna) " frontière, limite", c'est textuellement un amour sans bornes ( un mot très littéraire issu de la littérature courtoise du moyen-âge). Raide dingue en version moderne.
Et hop une fois de plus, la tiédeur et la demie-mesure n'ont pas leur place ici. Expressivité et enthousiasme.
* J'ai trouvé l'explication dans une méthode en allemand, bien plus complète que tout ce que j'ai déniché en français, je vais ajouter le lien dans les ressources. Evidemment elle exige un bon B2 en allemand pour s'en servir ( double bénéfice pour moi, ça me permet de garder le contact avec l'allemand, ce que je n'ai pas toujours le temps de faire)
allez pour le plaisir, comment dit on "aurore " en allemand?
Morgenrot: le rouge du matin. L'allemand et ses mots valises très descriptifs.
En français, c'est un emprunt direct au latin Aurora " lever du jour".. on ne peut faire plus factuel.
Je vais garder précieusement ma "porte du ciel", c'est nettement plus joli.
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