lundi 2 août 2021

S'adresser (poliment) à quelqu'un en géorgien

Voilà qui sera utile, en tout cas, je trouve intéressant de le savoir.

J'ai donc appris que:

- On s'adresse à quelqu'un qu'on connait peu en utilisant le pronom vous, comme en français. SIMPLE! Et "tu" pour les proches, évidemment.

- Même en situation formelle, la manière de s'adresser à quelqu'un c'est Monsieur/ Madame et .. son prénom: Madame Thamar, Monsieur Irakli, etc... (totalement impossible en français, sinon, ça fait grand banditisme). Bon, ça implique donc de connaître le prénom de quelqu'un.

Mais quelque part, je préfère ça: il est plus facile de mémoriser le prénom de quelqu'un qu'un nom souvent long  + le patronyme (cf le russe, qui oblige à des circonvolutions, puisqu'il n'y a pas de "monsieur, madame" et on ne dit plus depuis 30 ans camarade ou citoyen...) Qui n'est pas toujours évident à trouver. Et j'ai des réticences à m'adresser à quelqu'un sans l'équivalent d'un monsieur ou madame, j'ai l'impression d'être horriblement impolie 😅

Question existentielle: si je fais connaissance - tout est possible avec les 6 degrés de séparation - avec la vedette russophone d'origine géorgienne que j'écoute régulièrement, dois-je lui dire à la russe " Николай Максимович" ( Prénom + patronyme.. qui demande donc en plus de connaître le prénom du père de la personne. Bon, l'exemple pris est celui d'une vedette donc son patronyme est publiquement connu) ou à la géorgienne " Bat'ono Nikoloz", soit " Monsieur Nikoloz"? L'un paraît extrêmement formel, l'autre fait très " Monsieur mon pote "  pour la française que je suis...Ou vu qu'il parle français Monsieur + nom de famille, le standard chez nous, mais qui aux oreilles géorgiennes fait très froid, presque impoli, limite on claque verbalement la porte au nez.

Ce petit exemple trilingue simplement pour mettre en avant que les normes de politesse sont différentes dans trois pays et trois cultures différentes. En pratique, dans l'hypothétique cas précédent, maîtrisant mieux le russe, je commencerais pas le russe, quitte à enchaîner sur les deux autres versions en disant " ne sachant pas comment m'adresser à vous, voilà, choisissez" assorti d'un radieux sourire 100% français, qui semble-t-il fonctionne aussi en Géorgie ( ou alors le sourire immense est la particularité dudit monsieur), mais pas du tout en Russie.  Car oui, il n'y a pas que la manière de parler à prendre en compte, mais aussi le paraverbal et ça, ce sont des informations très compliquées à trouver...

- Les prénoms ont souvent une voyelle finale en i au nominatif, qu'il perdent quand on rajoute Monsieur et Madame: Daviti => monsieur Davit, Thamari => Madame Thamar. Mais pas toujours: Irakli => Monsieur Irakli garde son -i et, là,  il n'y a pas moyen de deviner quand on le garde et quand on l'enlève, c'est à l'usage. Non, ça va je ne râlerais pas, chaque langue a toujours un truc un peu aléatoire...

- On manque de repère et forcément dans une langue qui n' a pas de genre, les prénoms ne donnent pas d'indication. Ou pire, nos habitudes peuvent nous tromper. La proximité de la France avec l' Espagne et l'Italie fait qu'un nom en -a sera perçu comme par défaut féminin, or Gia et Beka sont des hommes. Le -o est perçu comme masculin, or Nino est une femme en Géorgie et un homme en Italie. Eliso est une femme (Elise)
Manana est une femme, mais son nom sera très dur à porter si elle vient en France. Tamazi (Thomas) est un homme, Thamari est une femme.

Je crois qu'à chaque prénom qui pose problème je vais rechercher des photos en ligne pour voir si je dois rajouter monsieur ou madame.

Et c'est là qu'arrive notre cas vocatif: il n'est pas casse-pieds du tout! En fait:
- mot en [i] au nominatif = la voyelle est remplacée par [o]
- mot en [a] ou [e] = on ajoute [o] après la voyelle
- mot en [o] ou [u] = on ajoute un [v]
- pluriel: tout se décline comme des mots en [i] sauf rares archaïsmes donc... peinard.

Et en fait, à part d'écrire de la poésie lyrique, il y a 7 mots qui ont encore un vocatif, 2 très utiles ( monsieur et madame), deux familiers (homme et femme, un peu au sens " hombre! mujer!" de l'espagnol), 2 qui servent uniquement à s'adresser aux prêtres et aux bonnes soeurs, et ..." dieu". Donc hors prière ou expression figée" mon dieu!", c'est peu utile.

Il reste donc

- ბატონი [ bat'oni], ბატონები [bat'onebi] : le monsieur, les messieurs qui devient au vocatif ბატონო! [bat'ono]ბატონებო![bat'onebo] plus le ou les prénoms, avec ou sans leur i, selon les cas, c'est ça le pénible.
- ქალბატონი [kalbat'oni] , ქალბატობატონი [kalbat'onebi], la dame, les dames qui devient au vocatif
ქალბატონო ![kalbat'ono] ქალბატონებო![kalbat'onebi] Madame! Mesdames!

D'après le dictionnaire, c'est lié au verbe ბატონობა, régner.
Dans le fond, c'est exactement la même construction qu'en français:
seigneur => sieur => mon sieur ( respectueusement prononcé par les serviteurs) => monsieur
Et ქალ- c'est " la femme" + maître donc la femme qui règne en maître :en latin, domina (la maîtresse de maison "domus") => dama => dame => Ma dame=> madame.

et pour le familier:
- კაცი [k'atsi] : homme, être humain => კაცო [k'atso]: hombre! bonhomme, l'ami, mec! à éviter en contexte formel quand même
- ქალი [kali]: femme=> ქალო [kalo]: mujer! ( je ne pense pas que ce soit aussi familier tendance grossier qu'en français)
Hop, une chanson qui comporte ქალო dans le titre


ici, c'est plutôt "petite":  "petite, ne tombe pas amoureuse, ne te maries pas, tu es encore jeune, reste chez toi et grandis d'abord" ( quelqu'un a eu la bonne idée de traduire le texte en anglais, merci). Apparemment toute l'école du coin la connait, ça doit être une chanson traditionnelle.

et "ho mon dieu":
- ღმერთი [ɣmɛrti] => ღმერთო !
ღმერტო ჩემო ! Mon dieu ( enfin, dieu mon!, l'expression est à l'envers par rapport au français)

Et c'est tout, concrètement ( pour les bonnes soeurs, c'est "mère" et pour les curés c'est "père" au vocatif, donc là encore, rien de perturbant pour les francophones. Mais rien d'urgent non plus)
Et donc jusqu'ici tout va bien.

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